Le 15 septembre 2025
Volume 43, Numéro 7

Dans les années 1950, alors que je n'étais qu'un petit garçon, ma mère, Simone Noël, m'avait pris à part, après une querelle d'enfants, et m'avait dit sur un ton respectueux et solennel: «Denys, tu es l'aîné de la famille, tu dois donner l'exemple aux plus jeunes.» Plutôt que me gronder, elle m'avait inculqué par ses simples mots une valeur qui ne m'a plus jamais quittée. 

Papa étant souvent parti de la maison pour de longues périodes à cause de son travail, maman assumait la gestion de ses 7 enfants avec une autorité bienveillante et très souvent souriante. Ni elle ni mon père ne nous ont frappés, mais leur attitude, leur sens de l'humour, leur dévouement, leurs soucis de la vérité, leur abnégation dans la pauvreté, leur intelligence à nous offrir le meilleur dans l'écoute de nos besoins, auront guidé nos choix de vie et fait de nos jeunes années une extraordinaire rampe de lancement.    

Leur exemple, bien plus que tous les discours, nous a soudés, transformés, élevés.  Mais qu'en est-il aujourd'hui du venin mensonger et malfaisant qui suinte de nos plus proches voisins? Et les contre-exemples viennent de haut. 

Eric Alterman, historien et journaliste américain, a écrit «Nous tolérons les mensonges présidentiels depuis le début de la République, mais Donald Trump est le monstre Frankenstein d'un système politique qui a non seulement toléré le mensonge de ses dirigeants, mais qui est venu à les exiger.» 

Trump est un iconoclaste tel un éléphant dans le magasin de porcelaine des relations nationales et internationales. C'est Al Capone au pouvoir qui tire les USA vers le bas et déconstruit le rêve américain. Il tire sur tout ce qui bouge et brise les liens puissants, internationaux, parfois séculaires comme ceux avec le Canada, un allié de toujours. Complotiste, ignare, maître chanteur, incohérent et grossier, il agit avec un front de « beu », investi du pouvoir suprême que lui ont confié les Américains. Ce mégalomane prétentieux, narcissique et inconséquent fait l'étalage d'une vie personnelle désordonnée. L'affaire Epstein nous le rappelle avec force, si tant est que ce fut nécessaire. Condamné devant la justice avec sentence suspendue, il a même été mis en accusation de destitution deux fois pour tentative de sédition et d'insurrection sur le Capitole. Ajoutons à cela que son sans gêne pathologique le met en conflit d'intérêt presque quotidiennement. 

Pour être en mesure de s'en prendre aux institutions américaines qui brillaient jusque-là dans le monde pour la qualité de leurs savoirs et de leurs recherches, il a placé ses pions aux plus hautes instances pour donner suite à ses lubies. 

Maintenant, en contraste saisissant, quand on jette un regard historique sur le legs des anciens présidents des États-Unis, on ne peut qu'être admiratif. Lincoln qui a aboli l'esclavage, Washington qui a fondé la Banque Nationale des États-Unis, Theodore Roosevelt, prix Nobel de la paix en 1906, qui lui a été un pionnier dans la conservation de la faune. Suivent dans le désordre les Thomas Jefferson, Harry Truman, Jimmy Carter, John Kennedy, Barack Obama qui ont bâti au fil des siècles la plus grande démocratie du monde, de la terre à la lune. 

Alterman rajoute : «Trump par ses paroles et ses gestes a montré clairement jusqu'où son influence est allée pour créer un monde irréel.» 

Tout cela nous rappelle tristement la phrase gravée sur la cheminée d'une des salles de la Maison-Blanche «Ne laissez que des hommes honnêtes et sages gouverner sous ce toit ». 

Pour conclure à ce déferlement inédit d'impostures et d'insignifiances outre-frontières, je citerai un de nos chroniqueurs québécois, Mathieu Bock-Côté: «À cette altitude de délire idéologique, on commence à manquer d'oxygène. »

Quiproquo… 

Rolande: «Quand je suis allée voir ma sœur Aliette à l'hôpital de Jonquière, on avait oublié de me dire qu'elle était changée de chambre. Avec assurance, je rentre donc dans la chambre 520 comme d'habitude. Pensant y trouver ma sœur, je suis étonnée de découvrir qu'un masque à oxygène couvrait son visage, car elle avait le souffle court. En m'approchant du lit, j'ai dit «Mais voyons Aliette, qu'est-ce qui se passe là?». La réponse sonore fut une sorte de grondement, mais la réponse visuelle fut nettement plus déterminante. Je découvris avec stupéfaction que ma sœur avait une impossible grosse barbe noire. Ma surprise totale fut soudainement tempérée par des fous rires en provenance du corridor où se tordait un groupe d'infirmières. Témoins de la scène loufoque, elles se sont vraiment dilaté la rate, mais il semble que ce ne soit pas dangereux, même si c'est contagieux. L'une d'elles m'avouait que cette scène hilarante avait fait sa journée. Moi, en tant que dindon de la farce et ayant perdue quelques plumes, j'ai pu m'envoler jusqu'à ma destination réelle, où bien sûr, il n'y avait rien de drôle. » 

Je suis content que le fait de porter des appareils auditifs ne m'empêche pas de faire la sourde oreille. Par contre, j'ai découvert à l'usage que j'entendais beaucoup mieux le silence.