Course de Pichous
Comme en fait foi la liste publiée dans cette édition de notre journal, nous étions 18 coureurs et 9 marcheurs de Shipshaw à avoir complété les 15 kilomètres de la course des Pichous du 10 mars dernier.
Chacun relève le défi pour lui-même, en apparence seul, un peu perdu dans une mer de sportifs, hommes et femmes de tous âges, de tous calibres et de toutes les régions du Québec. Nervosité, fébrilité, plaisir, fatigue, satisfaction sont également au rendez-vous du départ à l'arrivée. Mais à tout cela s'ajoute, comme une précieuse médaille, la très grande fierté de représenter une petite communauté qui s'appelle Shipshaw. D'une certaine façon, au fil des ans et des kilomètres de route, je cours avec vous. Les marcheurs et coureurs de la route Brassard que je rencontre et qui m'envoient la main, les enfants au petit matin qui attendent l'autobus et me reconnaissent, les résidents dehors qui me disent bonjour, les automobilistes qui me klaxonnent un encouragement, même les chiens qui m'attendent en espérant un "milk bone" et tous ceux qui me regardent de loin en se disant: "il est fou ce Claveau; oui, je vous emporte avec moi, meublant ma solitude, stimulant mes vieux os, réconfortant mon parcours.
Ce qui me motive à courir...
- D'abord je crois beaucoup à la santé par le mouvement et même la guérison parfois.
- Courir ne me rajeunit pas mais me permet d'être aussi bien qu'on peut l'être pour quelqu'un de mon âge (70 ans).
- Comme mon corps est ma 1ère maison, la course me permet de la garder en ordre.
- Puisque j'ai une pente naturelle au bonheur, j'apprécie l'équilibre que m'apportent forme physique et santé à travers un sport d'intensité.
- Courir c'est un peu choisir volontairement de souffrir pour rester en santé plutôt que d'être choisi involontairement par la souffrance à cause de maladies évitables.
- Comme il ne me reste que 10 ans pour préparer mes 80 ans, il y a urgence de continuer le mouvement.
- Et les Pichous dans tout cela? Simplement un test annuel pour voir où j'en suis par rapport à moi-même.
- N.B. Je ne décide jamais d'aller courir; je décide plutôt de me mettre un sous-vêtement, puis un survêtement, puis mes espadrilles, puis de sortir dehors, puis... et c'est parti.
En plein cœur
Ce qu'avait de particulier l'édition 2018 de cette course des Pichous, c'est qu'il s'agissait de ma 40e participation, un record que je partage avec M. Laval Tremblay de Chicoutimi-Nord. Évidemment les médias (télé, radio, journal) se sont emparés de cette rareté pour me propulser à l'avant-scène. Ce bris de mon habituel anonymat a créé une vague déferlante qui a trouvé un écho encore plus large sur les réseaux sociaux, ce qui m'a réellement secoué. À mon grand étonnement, toute la diaspora familiale s'est manifestée dans des propos d'une grande sincérité et d'une rare gentillesse. Je n'en reviens toujours pas de l'impact médiatique généré. D'ailleurs ce n'est pas à cause de mes qualités d'athlète que j'ai été reconnu (je suis un coureur moyen) mais bien parce que je suis très persévérant.
Pour ceux que j'aurais oubliés de remercier, permettez que je boucle ce sujet en rapportant les quelques mots que j'ai mis en ligne sur facebook pour l'occasion.
En plein cœur
Dans la foulée de ce qui fut ma 40ième participation à la course des pichous, à vous tous qui avez si gentiment de façon très spontanée manifesté votre reconnaissance à mon endroit, je vous offre un immense et très vibrant merci. Vos bons mots, votre appréciation de l'effort mais surtout de mon choix de vie m'ont ému et touché au plus haut point. Ils viennent me conforter à poursuivre ce long trajet, commencé il y a 46 ans maintenant, la plupart du temps réalisé en solitaire, mais dans la joie, et qui a vraiment culminé hier avec un impact que je n'attendais pas. Je suis fier avec vous et étonné tout à la fois de constater ce qu'un peu de volonté et beaucoup de persévérance peuvent avoir comme impact sur notre existence. Je terminerai en soulignant l'indéfectible et vital appui de ma belle Rolande et de toute ma famille qui se sont laissées contaminer petit à petit par ce grand jeu de la vie.
Je vous aime infiniment.
Amitié et reconnaissance éternelle,
bien humblement,
Denys Claveau