Depuis quelques années, Jean-Guy Larouche possède un chalet sur la ZEC Onatchiway dans le secteur des 8-Chutes. Comme il est perfectionniste, notre ami, d'année en année, apporte des améliorations tant intérieures qu'extérieures pour en faire une oasis où il fait bon se reposer. C'est sûr qu'au début, il y avait des crottes de souris un peu partout dans le chalet. Comme il soupçonnait fortement qu'elles étaient le produit de vraies souris, il passa vite en mode répression, voire même extermination. Si bien que ces charmants petits rongeurs disparu-rent complètement, enfin en avait-il la conviction jusqu'à tout dernièrement, au moment où ses fils Pierre, Mario et Éric, assis près du poêle s'amusèrent à voir des souris se balader sur le comptoir. Ils en comptèrent trois. Les hostilités furent donc relancées sur le champ.
Pierre, Éric et Mario, ressortirent les trappes qu'ils armèrent et appâtèrent avec un produit performant (genre : mort aux rats). Une bouchée et t'es morte empoisonnée ou piégée. Comme le trou qui leur servait de porte d'entrée dans le chalet avait été bien identifié, ce fut l'affaire de quelques minutes avant que le massacre n'ait lieu. Comme les fils de Jean-Guy sont très sensibles, ils les ont quand même enterrées avec délicatesse toutes les deux.
Par la suite ils ont colmaté les brèches du chalet en bouchant les trous au niveau du plancher et du toit. «T'en verras pu de souris p'pa». Jean-Guy rétorque que la 3ième ne s'est jamais pointé le museau. Sur ce, Pierre lui répond qu'avec la quantité de poison qu'ils ont mis, les chances sont nulles qu'elle en ressorte vivante. «Quand tu vas revenir c'est sûr qu'elle va être morte». Fiers de leur besogne, ils retournent à Shipshaw mais Jean-Guy n'est pas totalement rassuré. Un doute persiste.
Dans la même semaine, quelques jours plus tard, Jean-Guy, qui n'aime pas aller seul au chalet, réussit à convaincre sa belle-sœur Rolande Lavoie de l'accompagner au chalet prétextant qu'il n'y avait plus de souris. Rolande a en effet une peur bleue de ces petites bibittes grises. Comme il est très loquace et qu'il n'est pas cachotier, Jean-Guy une fois rendu là-bas finit par suggérer à Rolande qu'il reste peut-être une souris mais qu'elle est sûrement morte.
Rolande dans ses petits souliers, entre dans le chalet, fébrile et stressée en même temps, marche avec Jean-Guy vers le comptoir de la cuisine et derrière le petit poêle, aperçoit la queue de la souris; elle semble morte mais Rolande commence à faire des petits cris : «hiiiiiiiiiii» Jean-Guy prend des gants et sort la souris et Rolande continue à crier «hiiiiii, a tout mangé, est ben grosse». «Prends l'appareil et photographie-moi avec». «Es-tu malade, je ne suis pas capable de la regarder». Jean-Guy se fait insistant et Rolande prend la caméra et lui demande de sortir dehors. Jean-Guy place la souris sur le dessus de sa main et voilà que Rolande essaie de prendre la photo en poussant des cris et en tapant des pieds. En voulant faire le zoom sur la souris, elle avait l'impression qu'elle était vivante; puisqu'il ventait, le poil bougeait et elle avait les grands yeux ouverts comme la photo de notre ami Jean-Guy le démontre si bien.
On peut suggérer à Jean-Guy de placer cette photo au chalet pour tuer dans l'œuf toute velléité de nouvelle invasion de la gent trotte-menu. Quant à Rolande le port d'une armure ou une bonne psychothérapie restent des options.
Le 3 novembre 2024
Volume 42, Numéro 8